Pour faire notre entrée sur le territoire du Cap Vert en voilier, nous avons le choix entre Mindelo sur l’île de Sao Vicente et Palmeira sur l’île de Sal. Mindelo est la seule marina du Cap Vert donc bien pratique pour refaire les pleins d’eau et de gasoil, les lessives, prendre des douches… Mais des voyageurs que nous avions croisés à Las Palmas nous avaient déconseillés d’y aller nous disant que ce port dénotait clairement avec le reste du pays. Et puis comme nos équipiers, Lucas et Charline, doivent repartir le 9 juin de l’aéroport de Praia sur l’île de Santiago, nous décidons d’aller directement sur l’île de Sal pour pouvoir profiter au mieux du Cap Vert sans que ce soit la course.
Nous arrivons dans la baie de Palmeira le 25 mai (le jour de ma fête !) après six jours de navigation. Nous jetons l’ancre sous les rafales, à quelques dizaines de mètres de la côte. Nous gonflons l’annexe afin que deux d’entre nous aillent à terre se renseigner sur les modalités d’entrée sur le territoire et avoir un premier contact avec cette terre inconnue. Nous décidons qu’Alex et Charline seraient déposés par Lucas afin qu’il y ait toujours quelqu’un à bord qui soit familiarisé avec les manœuvres de mouillage, en l’occurrence moi-même (aïe aïe aïe), en cas de dérapage de l’ancre vu qu’il y a de bonnes rafales et que nous n’avons pas pu aller vérifier l’accroche du mouillage. Lucas me rejoint à bord du Molokoï D’jo pendant qu’Alex et Charline font la connaissance de Jaïr qui a l’habitude d’accueillir les navigateurs et offre tous types de services tel que le remplissage des réservoirs d’eau par exemple. Pour les papiers il faudra attendre le lendemain. Après quelques déboires avec le moteur de l’annexe, Lucas récupère Alex et Charline et nous passons notre première nuit cap verdienne.
Le lendemain nous allons tous les quatre à terre, nous effectuons notre entrée et obtenons notre visa. Nous prenons une bonne douche à la « sentina municipal » en faisant attention de ne pas gâcher l’eau douce qui est si précieuse sur une île aussi aride que Sal. Une usine de désalinisation a été construite près du village, nous l’apercevons depuis notre mouillage, une fontaine d’eau douce est accessible à certaines heures de la journée pour faire les lessives et remplir des bidons d’eau.
Nous flânons dans les rues de ce petit village de pêcheurs aux maisons colorées. La population est accueillante et très discrète, nous avons un premier contact agréable, nous nous sentons bien au Cap Vert.
Nous achetons une carte sim avec internet pour prévenir nos familles de notre arrivée même si ceux qui nous suivent sur Marine Trafic ont pu voir que le Molokoï D’jo était amarré près de la côte cap verdienne.
Jaïr, qui est venu avec son bateau et ses bidons pour remplir nos cuves d’eau, nous parle des endroits à visiter sur l’île : les salines de Pedra de Lume, la piscine naturelle de Buracona, la plage de Santa Maria, la ville d’Espargos. Comme nous avons envie de visiter d’autres îles, nous ne pouvons pas nous attarder à Sal et choisissons d’aller découvrir le site de Buracona et les salines. Nous partons à la recherche d’un taxi et nous rendons compte qu’il y en a peu et que ce que l’on nous propose est trop cher et les distances sont plus importantes que nous le pensions, nous manquons de temps… Nous décidons d’aller simplement à Buracona à pied pour longer la côte et ressentir la chaleur de cette route sablonneuse.
Le site de Buracona est très aménagé, j’imagine qu’en saison il doit être bondé, l’entrée est payante et se fait par un portique. Mais aujourd’hui tout semble fermé, nous trouvons un portail ouvert sur le côté, nous entrons, nous sommes seuls, à part un vendeur d’objets sculptés dans du bois. Nous arrivons trop tard pour admirer l’« Olho azul », l’œil bleu de l’océan, une cavité profonde de plusieurs mètres dans laquelle vers midi les rayons du soleil s’engouffrent donnant à l’eau une couleur d’un bleu étonnant. Alex et Lucas se baignent dans la piscine naturelle tandis qu’un peu plus loin les vagues se brisent sur les récifs volcaniques dans un bruit sourd.
Nous rentrons en voiture, à l’arrière d’une jeep, les cheveux au vent, nos corps secoués par les soubresauts.
Le soir, Jaïr vient prendre l’apéro à bord du Molokoï et nous en profitons pour l’interviewer. Il nous parle de la fête organisée par sa sœur qui a lieu le soir même, comme tous les dimanches, et où les villageois se retrouvent pour danser. Jusqu’à 23h ce sont les « vieux » qui ont droit à la piste de danse, puis les jeunes investissent à leur tour les lieux. Nous allons y faire un tour, déguster du poisson, observer ce fameux rituel, danser un peu même si ce n’est pas encore l’heure pour nous… Après cette belle soirée nous passons notre dernière nuit à Sal, nous partons le lendemain pour l’île de Boa Vista.
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